CFP Etudes Irlandaises/Publication printemps 2019

APPEL A CONTRIBUTIONS / CALL FOR PAPERS

ETUDES IRLANDAISES 

French Journal of Irish Studies

Spring/Summer 2019 issue/Numéro de printemps/été 2019

DATE LIMITE POUR SOUMETTRE: 30 juin 2018 / DEADLINE FOR SUBMISSION: June 30 2018

 

Numéro dirigé par Catherine Conan et Flore Coulouma

 

Nature, environnement et écologie en Irlande

Numéro thématique d’Etudes Irlandaises – printemps 2019

Le lien organique qui unit l’Irlande à l’idée de nature, ou à tout le moins à une certaine idée de la nature, semble si étroit qu’il en devient difficile à penser. De la naturalisation du colonisé dans le discours du colonisateur à l’adoption des mêmes schèmes essentialistes par l’industrie du tourisme britannique, puis irlandais, l’Irlande est nature, reste d’authenticité et refuge dans le monde occidental industrialisé. Même le Tigre Celtique parvient à maintenir une image à la fois d’attractivité pour les entreprises et les capitaux étrangers, et de lieu préservé où se ressourcer. Il faut attendre la chute du Tigre Celtique pour que des images d’un environnement dégradé, telles celles des ghost estates, atteignent une certaine puissance symbolique de représentation de la nouvelle Irlande. L’omniprésence des ghost estates et l’impact de l’ère post-industrielle sur les paysages urbains opposent ainsi une vision démythifiée de l’environnement à la consommation nostalgique maintenue à bout de bras par l’industrie touristique jusqu’à aujourd’hui.

On peut chercher les racines de cette attitude ambivalente vis-à-vis de l’environnement irlandais (de la part des habitants eux-mêmes, mais aussi de tous ceux qui ont pu consommer les paysages et les ressources de l’Irlande) dans le processus de colonisation. Pour l’Irlandais colonisé, la dégradation symbolique est le préalable à la perte de la maîtrise des ressources naturelles et agricoles, puis de l’héritage culturel (toponymique, en particulier, qui scelle le lien entre langue et environnement). Il n’est pas surprenant dans ces conditions, selon Hilary Tovey, que l’activisme écologiste irlandais ait depuis son émergence dans les années 1970 conçu les dégradations de son environnement en termes de dommages infligés par d’autres, avatars globalisés du capitalisme impérialiste britannique, et non par son propre gouvernement.

La situation actuelle invite donc également à une réflexion rétrospective sur les représentations de l’environnement naturel en Irlande des origines à aujourd’hui et sur les formes de l’engagement, tant politique qu’artistique et littéraire, en faveur de l’environnement. Il est ainsi légitime de se demander si la production artistique et culturelle irlandaise a pu se faire le lieu de l’expression d’interrogations quant au rapport ambigu entre l’Irlande et sa « nature », entendue comme la congruence de son identité et de son environnement. Le statut mythique de l’Ouest sauvage, la question centrale de la propriété terrienne, mais aussi l’étrange sous-représentation de la mer étant donnée l’insularité irlandaise, sont autant d’aspects d’une écopsychologie (Theodore Roszak) qui se manifeste dans l’imaginaire artistique.

La question de la forme littéraire, ou plus généralement artistique, est aussi centrale dans l’étude du lien entre environnement et littérature. Seamus Heaney pose à cet égard la question essentielle dans « Known World » : « How does the real get into the made-up? » L’idée d’un lien, voire de la recherche d’une adéquation entre forme et réalité matérielle, qui semble remettre en question l’arbitraire du signe hérité du tournant linguistique, ouvre des perspectives à une critique néo-matérialiste de la production culturelle irlandaise. La question de la représentation de l’environnement matériel devient également celle de la matérialité de l’œuvre elle-même, particulièrement visible dans la performance artistique ou dans les nouveaux carnets de voyage (par exemple, Garrett Carr, The Rule of the Land, 2017). Au-delà de sa fonction de représentation mimétique, il s’agira en fin de compte de se demander si l’œuvre, par son intention artistique, peut faire de l’Irlande un lieu habitable.

Les contributions pourront porter sur les sujets suivants (liste bien entendu non limitative) :

  • Littérature et environnement irlandais

–       Faune et flore

–       Représentations de la crise écologique

–       L’écriture comme outil/technologie

–       Ecologie et forme littéraire

–       Matérialisme textuel

  • Environnement irlandais et arts visuels : de la mimésis au land art.

–     Ecologie et performance, activisme et théâtre.

  • La Grande Famine (1845-51) comme catastrophe environnementale
  • Les conséquences environnementales du Tigre Celtique
  • Politiques environnementales, enjeux économiques et sociaux
  • Environmental justice
  • L’impact environnemental de la colonisation
  • La nature irlandaise dans l’idéologie nationaliste
  • Le mouvement écologiste irlandais
  • Ecocritique et postcolonialisme

–       Le capitalisme vert et la nature, les liens entre conservation et « développement »

  • La toponymie, mémoire du lieu ?

Date limite d’envoi des articles, le 30 juin 2018 à

catherine.conan@univ-brest.fr et flore.coulouma@gmail.com.

Les articles doivent être accompagnés d’un résumé et d’une liste de mots clés.

Cf : http://journals.openedition.org/etudesirlandaises/2729

Nature, environment and environmentalism in Ireland

Spring 2019 issue of Etudes Irlandaises

Identifying Ireland with nature has been a commonplace for so long that their complex relationship has become obscured and now calls for renewed examination. Essentialist tropes positing Ireland as a refuge of authenticity and wilderness in the Western world have endured from the colonizer’s naturalizing discourse to British conservationism and now strive in the Irish tourism industry. The Celtic Tiger years successfully relied on, and reflected, a dual picture of global business attractiveness and unspoiled nature, promoting the pure waters of Green Erin—together with its fiscal leniency—as the ideal setting for pharmaceutical and IT companies and a unique location for salmon fishing. Only after the fall of the Celtic Tiger did another landscape begin to emerge: that of a dilapidated, polluted environment, symbolized with striking effect by the mushrooming “ghost estates” that now scar the Irish countryside and suburban areas. Such visions of the New Ireland reflect the concrete, geographic impact of post-industrial late capitalism, thus placing Ireland onto a global map of environmental crises and largely debunking a myth that is still desperately advertised by the national tourism industry today.

All consumers of the Irish landscape and its natural resources—foreign tourists and nationals alike—share an ambivalent attitude towards Irish nature, which can be traced back to the colonizing process. The colonizer went through a symbolic process of dehumanization in order to reduce natives to mere parts of the landscape—a landscape whose ownership by the colonizer was posited as a natural process of history. For the colonized Irishman, symbolic humiliation was a prelude to the confiscation of natural and agricultural resources and the alienation of cultural heritage, epitomized by the brutal overhaul of toponymy and subsequent destruction of the symbiotic link between place and language. In such a context, it is no surprise that, according to Hilary Tovey, the early ecological activism of 1970s Ireland largely considered environmental degradations in terms of damages inflicted by outsiders and denounced the globalized avatars of British capitalist imperialism rather than homegrown policies.

One can indeed legitimately ask if and how Irish artistic and cultural production has become a fertile ground for critical and retrospective reflection on Ireland’s ambiguous relationship with its “nature” understood as a form of congruence between its identity and its environment. Thus the mythical status of the West, the central question of land ownership but also the puzzling under-representation of the sea given Ireland’s insular status constitute so many aspects of a national ecopsychology (Theodore Roszak) that transpire in artistic productions.

Literary form is of course essential here and Seamus Heaney asked the fundamental question in this respect in “Known World”: “How does the real get into the made-up?” The idea that one of art’s functions should be to probe the link between form and material reality seems to interrogate the notion of the arbitrariness of the sign inherited from the linguistic turn in critical studies. Thus the question of the representation of the material environment also becomes that of the materiality of the work of art itself, which opens new perspectives for a neo-materialist study of Irish cultural production. This is especially perceptible in artistic performance or in the new travel diaries (see for instance Garrett Carr’s The Rule of the Land, 2017), the ultimate goal being to wonder whether beyond their mimetic function of representation, literature and poetry can make Ireland a habitable place.

Contributions are welcome (but by no means limited to) the following issues:

  • Literature and environment in Ireland

–       fauna and flora

–       representing the ecological crisis

–       writing as a technology or tool

–       ecology and literary form

–       Textual materialism

  • Irish environment and visual arts: from mimesis to Land Art

–       Ecology and performance; theatre and activism

  • The Great Famine (1845-51) as environmental disaster
  • The environmental effects of the Celtic Tiger
  • Environmental Policies, economic and social stakes
  • Environmental justice
  • The environmental impact of colonization
  • Irish nature and nationalism
  • Irish environmentalism
  • Ecocriticism and postcolonialism

–       green capitalism and nature, conservationism and “development”

  • Toponymy as the memory of place

Please send your articles by 30 June 2018 to:

catherine.conan@univ-brest.fr et flore.coulouma@gmail.com.

Articles should be submitted with an abstract and a list of key words.

Cf http://journals.openedition.org/etudesirlandaises/2729