Les femmes dans l’espace public, 1800-1939
Grande-Bretagne, Irlande, Empire et Commonwealth
Le 29 septembre 2017, Université de Franche-Comté, Besançon
Conférencière invitée : Florence Binard, Université Paris 7 – Paris Diderot
« L’ange du foyer » est l’image la plus répandue que l’on retient des femmes britanniques au XIXe siècle. Cette image réductrice, issue du cadre littéraire, religieux, voire médical ou politique, expression d’un certain positionnement et discours idéologiques, persiste aujourd’hui encore dans l’inconscient collectif, même si elle a déjà été remise en question par la recherche en SHS, ne serait-ce que pour le début du XXe siècle.
Le but de cette Journée d’Etude est de poursuivre ce travail amorcé et de sortir la femme victorienne et édouardienne de son « cloître » ou de sa « sphère », pour s’intéresser aux destins de celles qui occupaient l’espace public en Grande-Bretagne et, par extension, dans son Empire: militantes, exploratrices, artistes, écrivaines, sportives ou bien d’autres.
Nous pourrions envisager un questionnement sur la dialectique de l’affirmation des femmes sur la place publique, qui, pour rester incomplète aujourd’hui encore, a de toute évidence été marquante durant la période que nous proposons d’examiner, avec comme repères l’accession des femmes au droit de vote et à l’université, entre autres.
On se demandera notamment si les femmes ont simplement « forcé la porte » d’un espace public exclusivement masculin, ou si elles ont aussi profité d’un glissement de certaines activités traditionnellement ouvertes aux femmes, par exemple l’activité caritative, vers la sphère politique, voire, dans quelle mesure des femmes n’ont pas provoqué une évolution du débat politique vers l’engagement humanitaire.
De même, il sera intéressant de voir comment les femmes ont pu détourner/ dépasser le clivage public/privé et les relations binaires connexes (culture/nature ; rationalité/ émotivité ; pouvoir/ moralité…) pour déployer ou mettre en avant les qualités prétendument féminines au service de leur propre affranchissement. L’argument de « pureté morale » des femmes avancée par les Suffragettes, par exemple, avait en fait déjà servi vers 1840 aux femmes de l’Anti-Corn Law League: l’abrogation des Lois sur l’importation des grains fut défendue, non comme une revendication bassement politicienne (c’est à dire dans laquelle une femme respectable ne pouvait se commettre), mais en tant que position humanitaire.
Si ce dernier schéma se révélait prégnant dans les évolutions de cette période, il ne faudrait plus parler de l’arrivée des femmes dans l’espace public comme d’un symptôme parmi d’autres de l’ouverture de la société, mais bien comme d’un facteur ayant infléchi le cours de l’histoire sociale et politique (voir par exemple le rôle de premier ordre des femmes lors du soulèvement de Pâques 1916 en Irlande).
On pourra aussi évoquer la place de la « petite » femme dans les « ombres » de l’espace public : (prostitution, la femme ouvrière), ou bien l’idée d’un espace d’entre-deux, au seuil du public et du privé. Ceci nous permettra de ne pas nous cantonner aux femmes de la classe moyenne et aisée. Dès les années 1810, il y a par exemple des femmes de la classe ouvrière dans le Reform Movement, puis plus tard des femmes Chartistes. Bien que les « petites » femmes soient encore plus modestes ou marginales, pas littéralement « sur le devant de la scène », la précarité économique de leurs ménages les contraint à pénétrer la sphère publique du travail où certains secteurs (l’industrie textile notamment) privilégieront une main d’œuvre majoritairement féminine.
Nous serions très heureux de recevoir des propositions de communication en anglais ou français
Les propositions de communication sont à envoyer à
patrice.bouche@univ-fcomte.fr (CRIT)
shirley.douliere@univ-fcomte.fr (CRIT et CLIMAS)
margaret.gillespie@univ-fcomte.fr (CRIT)
sous forme de résumé de 300 mots maximum accompagné de 5 mots clés et d’une courte biographie (position, laboratoire, champs de recherche)
Date butoir pour l’envoi des propositions : 2 mai
Réponse au 15 mai
L’objectif est de publier une sélection des communications en anglais et /ou en français